Le bouturage des sarments est une méthode naturelle visant à obtenir d’autres pieds de vigne gratuitement. Plusieurs techniques de multiplication sont possibles. Suite à la taille de mon plant de Muscat de Hambourg, j’ai fait quelques boutures dans du terreau. Je vous montre ma méthode pour bouturer la vigne pas à pas en hiver.
Quand faire des boutures de vigne en terre ?
Le bouturage de sarments se fait en même temps que la taille d’hiver de la vigne. Pour garantir une bonne fructification, il faut attendre que :
- la descente de la sève : la sève est totalement descendue dans le pied quand toutes les feuilles sont tombées ;
- des températures positives : la taille des fruitiers doit toujours se faire hors période de gel. C’est valable pour le raisin, mais également pour les framboisiers, les pommiers et tous les fruitiers que vous avez au jardin.
En Bretagne, on taille en décembre ou janvier. Selon la météo, il est encore temps de faire du bouturage jusqu’à mi-février.
Comment bouturer la vigne ?
Bouturer une vigne en terre en hiver est à la portée de n’importe quel jardinier, qu’il soit expérimenté ou débutant. Pour cela, il suffit de respecter chaque étape.
Etape 1 : prélèvement du sarment
Le sarment et le nom donné à la “branche” de la vigne. Le prélèvement doit se faire sur une vigne saine de plus de 3 ans :
- désinfectez votre sécateur pour éviter toute transmission de maladie. S’il n’est pas suffisamment tranchant, n’hésitez pas à affûter votre outil de jardin. La coupe doit en effet être nette et franche ;
- sélectionner un sarment bien droit et de la taille d’un crayon ou davantage. Trop fin, la reprise est fragile et plus aléatoire. Votre morceau de vigne doit être un brin aoûté, c’est-à-dire une pousse de l’année précédente dont l’écorce est devenue marron.
- coupez 1 à 2 cm en dessous d’un œil, c’est-à-dire l’endroit où se trouvent les bourgeons en dormance. La coupe doit être en biseau pour augmenter la surface de contact entre la bouture et la terre ;
- comptez 3 yeux à partir de la coupe précédemment effectuée et coupez en biseau 5 cm au-dessus du troisième œil. Le biseau doit être à l’opposé du bourgeon pour éviter que l’eau ne coule dessus ;
Etape 2 : mise en pot
Votre bouture est prête. Il ne reste plus qu’à la mettre en terre, soit directement dans votre jardin, soit dans un pot. Pour ma part, j’ai choisi cette dernière solution pour pouvoir ensuite choisir les plants les plus vigoureux à mettre dans mon verger.
Mettez les deux tiers de votre bouture sous la terre, soit deux bourgeons sous la terre et un au-dessus. L’erreur la plus commune consiste à enfoncer le sarment dans le sol ou dans le terreau. Malheureusement, cela griffe le biseau que l’on a soigneusement préparé. Il est préférable de faire un petit trou, d’y positionner la bouture de raison et d’ajouter de la terre.
Pensez à bien arroser. Le sol doit rester bien frais, mais pas gorgé d’eau.
Etape 3 : repiquage en pleine terre dans le jardin
Au printemps, les bourgeons vont débourrer. Choisissez les plants les plus vigoureux pour les installer en pleine terre dans votre jardin à un endroit ensoleillé et abrité du vent.
Est-ce qu’on obtient la même variété en bouturant ?
Le résultat d’un semis de pépin de raisin est totalement aléatoire. Vous n’êtes pas du tout assuré d’avoir telle ou telle variété.
A l’inverse, la greffe comme le bouturage vous garantissent d’avoir exactement la même variété. Cette technique de multiplication permet de créer des clones du fruitier d’origine.
Pour ma part, je suis parti de Muscat de Hambourg. Mes boutures donneront exactement la même variété avec de belles grappes de raisin noir.
Combien de temps pour récolter du raisin après bouturage ?
Après bouturage, il faut du temps à votre nouveau pied de vigne pour se développer. Vous n’aurez donc aucune récolte l’année suivante. En général, il faut compter 2 voire 3 ans pour récolter les premières grappes.
Comme toujours en jardinage, il faut savoir s’armer de patience.
Quelle différence avec le greffage et bouturage ?
Au cours du XIXe siècle, la plupart des vignes françaises ont été détruites par le phylloxera. Cet insecte piqueur est un cousin des pucerons qui provoque des galles sur les feuilles et les racines.
Pour lutter contre ce ravageur, on utilise la greffe. Cette technique consiste à transplanter un morceau de sarment (greffon) de vigne sur un porte-greffe résistant. Il s’agit de porte-greffes résistants au phylloxera d’origine américaine comme la variété Fragola Nera (Isabella) ou Noah (raison fraise). Le greffon produit la variété que l’on souhaite et bénéficie de la résistance au phylloxera du porte-greffe.
Avec le bouturage, on n’obtient pas cette protection contre le phylloxera. En théorie, le pied peut donc être attaqué par ce nuisible. Le risque est plus faible pour les terres sablonneuses, un peu moins pour les terres argileuses.
En Bretagne, région historiquement non viticole, le risque est quasi inexistant. Dans un jardin familial, le bouturage convient parfaitement pour multiplier des pieds de vigne.
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