Véritable fléau pour les arbres et pour notre santé, les chenilles processionnaires continuent à étendre leur territoire vers le nord de la France. Ecopiège, nichoirs à mésange bleue et charbonnière, piège à phéromones, comment lutter en bio contre la chenille du pin ?
Le cycle biologique des chenilles processionnaires ?
A l’éclosion, les chenilles processionnaires sont de couleur orange. Le duvet dont elles sont recouvertes est totalement inoffensif. Ces insectes muent une première fois pour prendre une couleur grise avec une bande plus sombre sur le dos. Les poils sont alors urticants et la chenille processionnaire a la faculté de les propulser en l’air si elle perçoit une menace.
Ces insectes vivent au sein d’un groupe comptant plusieurs dizaines d’individus. L’appellation de processionnaire vient du fait que ces ravageurs se déplacent en constituant une file unique, à la manière d’une procession. Elles forment des nids facilement identifiables car ils prennent l’aspect d’un gros cocon. Ces nids sont formés d’excréments, de mues et de poils urticants. Elles n’en sortent qu’une fois la nuit tombée pour dévorer les aiguilles de pin.
Durant le mois de juin, les chenilles processionnaires descendent à la queuleuleu le long de l’arbre dans lequel elles nichent afin de s’enterrer dans le sol. Une fois cachées dans la terre, elles se métamorphosent en autant de papillons de nuit, le Thaumetopoea pityocampa.
Ce papillon de 35 mm à 40 mm d’envergure est totalement inoffensif. En revanche, en s’éloignant, il contribue à agrandir le territoire de ce nuisible. Après l’accouplement, la femelle de la chenille processionnaire pond entre 70 et 300 œufs qu’elles disposent sur les aiguilles de pin. L’éclosion se fait dans les 30 à 45 jours qui suivent.
Pourquoi les chenilles processionnaires sont nuisibles et dangereuses ?
La larve du papillon de nuit Thaumetopoea pityocampa est non seulement un ravageur de certains arbres (pin, sapin, chêne, etc), mais également un insecte très dangereux pour notre santé.
Un ravageur du pin
Que ce soit dans les domaines forestiers, dans la nature ou sur les propriétés privées, la chenille processionnaire du pin est probablement l’un des ravageurs causant le plus de dommages. Elles dévorent les aiguilles de nombreuses variétés de pin comme le pin maritime ou encore le pin sylvestre, provoquant souvent une défoliation très importante.
Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas cette attaque en elle-même qui peut causer la mort de l’arbre. En revanche, celui-ci est considérablement affaibli et sa croissance durablement freinée. De fait, dans les forêts qui sont exploitées, les arbres impactés sont souvent abattus pour des questions de rentabilité. Si on laisse faire la nature, les pins peuvent s’en remettre. Toutefois, bien souvent, ceux-ci dépérissent, victimes de maladies ou de parasites qui profitent de leur faiblesse.
Un insecte potentiellement dangereux
L’autre danger que représente cet insecte, c’est pour la santé humaine et pour celle des animaux domestiques. En effet, à partir du stade trois, les poils dont est recouverte la chenille processionnaire est urticante.
La substance qu’ils contiennent est à la fois urticante et fortement allergisante. Elle déclenche très rapidement diverses réactions d’intensité variable selon les sujets. Cela peut aussi bien être une éruption cutanée que des démangeaisons, des œdèmes pulmonaires, des décollements de la rétine en cas de contact avec les yeux, voire des chocs anaphylactiques.
Tous les ans, en France, on dénombre de très nombreux accidents mortels directement liés à ces chenilles. De la même manière, les animaux domestiques sont exposés aux mêmes risques sanitaires.
Quelles sont les régions touchées par les chenilles processionnaires ?
Cet insecte urticant est présent de longue date en France. Son implantation s’est toutefois longtemps limitée aux régions du sud. Ainsi, dans les années 1980, la chenille processionnaire était surtout présente sur les territoires du pourtour méditerranéen et à l’extrême sud-ouest.
Cette localisation ne doit évidemment rien au hasard car cet insecte recherche des températures clémentes. Ainsi, le pourtour de la Méditerranée présente des hivers doux et des étés chauds. C’est aussi la raison pour laquelle on la retrouve essentiellement en plaines.
Toutefois, l’expansion du territoire des chenilles processionnaires est directement imputable au réchauffement climatique. En effet, grâce à l’élévation des températures, les hivers sont moins rigoureux vers le nord. C’est donc logiquement dans cette direction que ces nuisibles ont poursuivi leur colonisation de l’Hexagone.
Aujourd’hui, on recense la présence de chenilles processionnaires sur les trois quarts du territoire français. Parmi les territoires impactés, un large quart sud-ouest, mais également une partie de la Bretagne et de l’Île-de-France. La progression de ces insectes urticants devrait logiquement se poursuivre. D’ici à une décennie, plus aucune région ne sera épargnée.
La destruction des chenilles processionnaires est d’autant plus difficile que les zones urbaines sont également concernées. Il n’est alors pas question d’utiliser des pesticides. Seule une élimination purement mécanique est envisageable.
Quels traitements bio contre les chenilles processionnaires ?
Lutter contre les chenilles processionnaires ne peut pas se faire en utilisant un traitement chimique ou un insecticide. En effet, ces méthodes ne sont pas assez sélectives. Entre, l’impact d’un traitement par insecticide sur l’environnement et la biodiversité est désastreux.
En revanche, plusieurs solutions d’extermination sont possibles, notamment grâce à l’écopiège, à l’installation de nichoirs à mésange et à l’utilisation de pièges à phéromone. Ces méthodes sont surtout compatibles avec un jardin écologique et l’agriculture biologique.
EcoPiège : lutte mécanique contre les chenilles du pin
L’Ecopiège est un système de piégeage uniquement mécanique. Il s’appuie sur le fait que durant une période allant de avril à juin, les chenilles descendent en file indienne le tronc de l’arbre dans laquelle elles nichent. En plaçant un obstacle, il est possible de les piéger.
Ainsi, l’écopiège repose sur ce principe. Ce kit Ecopiège se compose :
- d’un collier qui se fixe autour du tronc de l’arbre. Il faut que ce collier soit au plus près de l’écorce du tronc et parfaitement ajusté. C’est pour cela que le collier écopiège se décline en plusieurs tailles allant jusqu’à 1 mètre de diamètre. Ce collier éco-piège est transparent et percé d’un orifice ;
- d’un mastic : ce mastic est destiné à éviter tout passage entre le tronc de votre arbre et le collier de l’éco-piège. Ainsi, durant leur descente, les chenilles sont bloquées dans le collier ;
- d’un sac : le sac de l’éco-piège se fixe sous le collier, au niveau de l’orifice. Ainsi, les insectes finissent par se diriger dans le sac via un tube car c’est le seul chemin possible. Une fois piégés, ces ravageurs ne parviennent pas à trouver la sortie. Il ne reste plus qu’à procéder à la destruction du sac ;
- d’une fiche d’utilisation.
Un tel produit permet de réduire la population de ces chenilles, à condition d’avoir repéré les nids assez tôt. Idéalement, un tel piège doit être mis en place dès mars et jusqu’à début juillet.
A noter que l’écopiège est réutilisable, tout du moins en ce qui concerne le collier. Pour le reste, un kit de recharge est proposé par le fabricant. Celui-ci comprend du sac supplémentaire, mais également du mastic. En outre, si vous constatez plusieurs nids dans un même arbre, vous pouvez ajouter une rehausse écopiège à votre collier écopiège.
De l’avis des professionnels, l’éco-piège est aujourd’hui le moyen de lutte le plus efficace au stade de la chenille.
Nichoirs à mésange bleue et charbonnière
Si cet insecte pullule en certains endroits, c’est parce que la biodiversité s’appauvrit. En effet, la chenille du pin fait partie des insectes que l’on trouve depuis toujours en France. En revanche, faute de prédateurs, celle-ci pullule.
L’idée est donc de favoriser la biodiversité, et plus précisément les prédateurs naturels de ce ravageur. Parmi ceux-ci, on compte la mésange bleue et la mésange charbonnière. Toutes deux sont présentes sur tout le territoire français et il est facile de les attirer. Pour cela, il suffit tout simplement de leur proposer des lieux pour nidifier en installant des nichoirs dans les arbres.
En effet, c’est lorsqu’elles s’affairent à nourrir les oisillons qu’elles sont le plus actives. Pour cela, elles n’hésitent pas à s’attaquer aux nids des chenilles du pin, les vidant littéralement de leurs occupants.
Pour que cette méthode écologique fonctionne, il faut s’y prendre quelques mois à l’avance. Les mésanges doivent accepter à la présence de ces nichoirs. En revanche, une fois installées, elles ont tendance à revenir chaque année.
Pièges à phéromone
Autre moyen de lutter contre ces chenilles sans utiliser de traitement type insecticide, les pièges à phéromone. Les phéromones de synthèse employés miment les phéromones diffusées par le papillon de nuit Thaumetopoea pityocampa. De fait, il est leurré et croit que c’est un partenaire de l’autre sexe. Comme aimanté par l’odeur de cette phéromone, il finit piégé.
L’utilisation du piège à phéromone donne des résultats plus aléatoires et directement dépendantes des conditions climatiques. Toutefois, cela reste efficace.
Quel dispositif de piégeage privilégier ?
Pour éliminer efficacement la chenille processionnaire d’un territoire donné, il est d’avis d’utiliser simultanément toutes ces solutions. En effet, chacun d’elles permet de piéger ce nuisible à différents stades de son cycle biologique :
- l’éco-piège au moment de la descente de la chenille processionnaire qui cherche à aller s’enfouir dans le sol ;
- le piège reposant sur les phéromones pour capturer les spécimens adultes quand ils sortent de terre pour s’accoupler ;
- les nichoirs à mésange pour restaurer un semblant d’équilibre naturel.
La mise en place des ces trois solutions s’inscrit dans le cadre d’une gestion éco-responsable de son jardin ou de son exploitation. Ces produits sont simples à trouver car disponibles dans toutes les bonnes jardineries ou peuvent être commandés en ligne (prévoir la livraison). Côté prix, cela reste très raisonnable étant donné que c’est efficace.
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